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Le Micocoulier : Le feuillu méditerranéen qui mérite d’être mieux connu

Arbre emblématique du Sud de la France, le micocoulier (Celtis australis) est un joyau méconnu pour bon nombre d’habitants du nord de la Loire. Pourtant, nombreux sont ceux qui, sans le savoir, se sont déjà abrités sous sa large couronne feuillue, notamment lors de vacances en Provence ou en Languedoc.

Avec sa silhouette majestueuse, ses fruits en petites drupes noir violacé et son feuillage généreux, il mérite une place de choix parmi les essences locales à redécouvrir.

Une essence typique du Grand Sud

Issu de la famille des Ulmacées (comme l’orme), le micocoulier est une espèce emblématique du pourtour méditerranéen. On le retrouve principalement dans le Midi, la Provence, le Languedoc et la Corse, aussi bien en milieu naturel qu’en milieu urbain, où il est utilisé en alignement le long des routes ou dans les parcs.
  • Hauteur moyenne : 25 à 30 mètres
  • Densité du bois : 0,60 à 0,80 (kg/dm³)
  • Zone de croissance : jusqu’à 900 m d’altitude
  • Nom anglais : Nettle tree
Il s’adapte à la plupart des sols, mais préfère les terres fraîches, riches et bien drainées. Résilient, il drageonne et rejette facilement, ce qui en fait une essence intéressante pour la gestion en taillis.

Caractéristiques botaniques
  • Feuilles caduques, ovales, pointues, de 5 à 15 cm
  • Base asymétrique oblique, comme chez l’orme
  • Floraison en avril : fleurs verdâtres discrètes
  • Fruits : petites drupes (les micocoules), de la taille d’un pois, noir violacé à maturité
L’écorce du micocoulier rappelle celle du hêtre : lisse, grise, parfois verruqueuse. Son tronc, relativement court, produit des grumes limitées en longueur, mais son bois possède des qualités mécaniques intéressantes.

Un bois agricole, technique et sous-estimé

Le bois de micocoulier est assez dense, solide et résistant aux chocs. Frais, il est de teinte blanc jaunâtre à verdâtre, virant au gris jaune en séchant. Il présente un grain fin à moyen, un fil souvent enchevêtré, ce qui le rend difficile à fendre mais particulièrement résilient.

Son bois est sensible à l’échauffure et doit être scié rapidement après l’abattage. Il est peu durable en extérieur, sauf protection soignée, et il est attaqué par le lycus (insecte xylophage).

Aptitudes techniques

Résistance aux chocs : excellente, surtout pour les jeunes brins
Fendage : très difficile, peu fissile
Séchage : lent et délicat (risque de déformation)
Rabotage / Toupillage : dépend fortement de la régularité du fil
Collage, vissage : facile, bonne tenue à l’arrachement
Cintrage : très bon

Usages traditionnels et actuels

Le bois du monde agricole

Historiquement, le micocoulier est le bois des agriculteurs du Sud. Facile à travailler jeune, résistant et silencieux, il a longtemps été utilisé pour fabriquer :
  • Fourches agricoles : silencieuses, sans étincelle, idéales dans les écuries
  • Fouets traditionnels de Perpignan (Sorède), encore prisés dans les milieux équestres
  • Bâtons, cannes, manches d’outils
  • Fourrage d’appoint : les feuilles émondées servaient de nourriture animale
Aujourd’hui, une véritable renaissance de l’artisanat rural s’opère autour de cet arbre, avec une redécouverte des fourches de micocoulier, plébiscitées dans le monde du cheval.

Menuiserie & Tournage

Menuiserie paysanne : alternative au frêne dans le Sud
  • Cintrage : facile, parfait pour objets courbes
  • Tournage : bonne résistance, fil irrégulier tolérable au tour
  • Décoration : bois discret, mais efficace pour pièces rustiques ou fonctionnelles
Le bois reste peu utilisé par les ébénistes et rare en sculpture, car sa densité et l’irrégularité du fil compliquent la taille fine. En revanche, les tourneurs en tirent parti, notamment pour des objets fonctionnels.

Autres usages méconnus

Teinture naturelle : l’écorce et les racines permettent d’obtenir une teinte jaune

Disponibilité : très rare chez les négociants en bois. Les artisans intéressés devront se rapprocher de fournisseurs locaux du Sud de la France

Le micocoulier, une alternative locale aux bois exotiques ?

À l’heure où l’on s’interroge sur l’impact écologique des bois tropicaux importés, le micocoulier incarne une ressource locale et durable, méconnue mais prometteuse. Il suffit parfois d’ouvrir les yeux sur nos territoires pour découvrir des essences oubliées mais pleines de potentiel.

En résumé

Atouts
  • Résistant aux chocs et peu fissile
  • Bois de cintrage idéal
  • Patrimoine rural vivant
  • Ressource locale alternative
Limite
  • Faible durabilité extérieure
  • Fil irrégulier, difficile à sculpter
  • Peu disponible en commerce
  • Nécessite protection contre l’humidité
Le micocoulier, ce géant discret du Midi, mérite d’être revalorisé dans nos ateliers comme dans nos paysages. Il est la preuve qu’avec un peu d’observation et de curiosité, les plus beaux matériaux sont parfois juste… au pied de l’arbre.
Rédigé le  25 nov. 2025 15:01 dans Essences de bois  -  Lien permanent

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